
Il existe deux modernités. L’une est définie ainsi par Baudelaire : “La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable” (Le Peintre de la vie moderne, 1863). L’autre, très différente, est le culte de la nouveauté qui s’affirme à travers l’objet technique. Ce culte trouve ses origines
dans les grandes manies du 19e siècle (dont la daguerréotypomanie) et dans une forme d’acceptation optimiste et ostentatoire de la technique, contre les déplorations des romantiques. L’un de ses premiers adeptes a été Nadar qui a incarné, avant les futuristes, le type du technophile frénétique. Volontiers oublieux du passé, le geek et le tekos sont ses lointains cousins.